Eveil Nomade

Jusqu’au bout de la carretera australe …

De Coyhaique à Cerro Castillo et un peu plus… :

Nous quittons Coyhaique avec pas mal de circulation et un ciel bien plombé. Les paysages de campagne ne sont pas plus motivants que ça sur le départ. Le lendemain nous profitons enfin d’une route tranquille, toute la circulation semble s’être dirigée vers l’Argentine. En route pour Cerro Castillo nous profitons de nos derniers kilomètres bitumés, avec quelques belles bosses et des montagnes bien colorées dans le parc de Cerro Castillo. Nous y trouvons un super coin de bivouac bien caché de la route et le soir nous avons la surprise de voir de très près trois fameux huemuls, plus petits cervidés du monde !!!

C’est trop dur le vent !

Nous repartons pour une bonne montée avec un col à 1100 m sous une petite pluie..;décidément le temps ne nous gâte pas. A Cerro Castillo nous faisons le plein de provisions, nous avons de grandes chances de fêter noël au milieu de nulle part et voulons quand même avoir de quoi bien manger sous le coude… Nous poursuivons sans nous arrêter, mais un violent vent de face associé à une grosse montée ont raison de enfants… Pour nous poser, il nous faut de l’eau (nous ne nous sommes pas chargés avant la montée) et maintenant nous sommes dans une des rares zones sans eau de la carratera… Pour finir on remplit la vache à eau dans une flaque au bord de la route. Nous cherchons en vain un coin de bivouac, et vu la fatigue des enfants finissons par planter la tente en bord d’une route secondaire…On a limite la tête sur la route et les voitures font vrombir toute la tente, c’est pas génial. On a quand même une très belle vue sur les montagnes en face.

Le lendemain nous avons pour objectif de passer une grosse zone de travaux qui ferme à mi journée en semaine et reste ouverte le week-end… Étant un dimanche il faut en profiter ! Malheureusement la route se transforme rapidement en piste, la partie goudronnée de la route N°7 se termine ici. La pluie se met à tomber de façon persistante et le vent de face continue à souffler fort… Bref c’est dur mais les enfants s’accrochent bien. A midi nous n’avons toujours pas rejoint la zone de travaux, on commence à croire que ce ne sera pas pour aujourd’hui et vers 14h, enfin, nous entamons cette zone : 15km qu’il va falloir passer quoi qu’il en soit maintenant que nous sommes engagés dedans… La pluie redouble et la piste monte tout du long. Les ouvriers nous encouragent. Les enfants tiennent vraiment bien le coup malgré l’après midi qui s’allonge. Nous sommes désormais tous trempés malgré nos vêtements de pluie, Lilou vide l’eau de ses bottes régulièrement… ! C’est avec soulagement que nous trouvons le panneau qui annonce la fin des travaux, nous cherchons dans la foulée un ruisseau pas trop turbide malgré la pluie, pour faire le plein d’eau et nous posons une fois de plus entre les clôtures et la route. Une fois le campement monté, il faut encore se contorsionner pour changer de vêtements sans mouiller toute la tente. Et s’offrir un thé bien chaud pour finir cette journée ! Mais Eric a le moral a zéro, il ne supporte plus ce temps de pluie et râle sur tout et tout le monde…

Le lendemain, 23 décembre, nous avons repéré un camping au milieu de nulle part qui devrait être parfait pour fêter noël, c’est donc l’objectif du jour… Mais avec la pluie qui tombe encore et nos vêtements mouillés, il y a pas mal d’inertie ce matin. Nous partons finalement avec une accalmie, sans avoir fait l’école, tant pis ! Des raidillons très costauds s’enchaînent. Nous croisons une famille de cyclos colombiens, que nous avions déjà rencontrés , eux aussi en ont bien bavé avec la pluie : toutes leurs affaires sont trempées et ils ont cassé un vélo. C’est décidément bien dur cette carratera ! Nous arrivons au camping en début d’après midi, c’est parfait il y a un refuge chauffé, nous allons pouvoir tout faire sécher !

Le 24 décembre nous sommes seuls au camping, nous avons le refuge rien que pour nous et nous profitons à fond du feu : parties de cartes, dessins et préparation d’un bon repas de réveillon (vive les culorgiones d’Eric!).

Nous fêtons tranquillement Noël, le père Noël a encore réussi à trouver quelques cadeaux « légers », ouf !

Du 25 décembre  à Puerto tranquilo :

Nous repartons bien en forme pour Puerto tranquilo. Le temps est toujours à la pluie, mais sous forme d’averses : c’est bien plus supportable, on a le temps de sécher entre deux ondées ! Nous suivons le lac Général Carrera et ses eaux turquoise incroyables malgré le ciel gris. Tiago les décrit comme éclairées de l’intérieur, c’est exactement ça ! Nous campons juste avant le village, histoire d’économiser une nuit et de profiter d’une belle vue sur le lac.

A Puerto Tranquilo nous nous arrêtons au camping, non pas que nous soyons déjà fatigués, mais il y a des « cavernes » de marbres à voir sur le lac (en fait il s’agit plutôt de surcreusement de falaises de marbre) et nous sommes bien motivés pour nous offrir cette petite sortie ! La famille colombienne que nous avons retrouvée ici, nous l’a chaudement recommandée, comme récompense aux efforts fournis pour venir jusque là !

Nous nous retrouvons donc avec une floppée de touristes, engoncés dans une cape de pluie et un gilet de sauvetage ! Nous devons traverser le lac pour rejoindre la zone à visiter. Il y a de belles vagues qui battent le flanc du bateau jusqu’à se retrouver à l’abri d’une crique. Ici la visite commence (voir la description de Tiago). Nous revenons avec d’énormes vagues : les garçons se sont planqués à l’arrière du bateau et les filles s’éclatent à se faire secouer et arroser à l’avant !

De puerto tranquilo à Cochrane :

Du beau temps ! Enfin !!!! Avec le soleil, on ne sens plus les montées (ou presque) ! Et le lac Général Carrera apparaît dans toute sa splendeur avec tous les sommets alentour bien dégagés. Que du bonheur ! Le comble c’est qu’avec la chaleur, on se met à rechercher de l’ombre… Sans commentaire ! Nous suivons ensuite la rivière Baker qui elle aussi a une couleur bleu incroyable. Nous profitons sur ses rives de l’un de nos plus beaux coins de bivouac en Patagonie !

Il y a encore beaucoup de dénivelée et des côtes bien raides. Au troisième jour, Tiago fatigue et nous devons retourner chercher son vélo à chaque montée trop raide : avec ça nous avançons vraiment doucement. Nous espérions arriver à Cochrane dans la journée, ce sera pour demain.

Nous fêtons sobrement le passage à la nouvelle année, avec une belle vue sur la vallée. La fin jusqu’à Cochrane est tranquille. La bonne surprise c’est que tout n’est pas fermé en ce 1er janvier : nous pouvons dors et déjà nous préparer pour repartir demain et profiter au maximum de la trêve météo. Au camping nous somme invités à l’Assado du 1er janvier : deux agneaux sont mis à rôtir devant les flammes et tous les campeurs sont conviés, quasiment que des cyclos ! L’agneau est délicieux tout le monde se régale.

De cochrane à O’Higgins :

Au matin du 2, nous faisons les dernières courses et repartons, toujours de la piste bien sûr et du dénivelé. Un beau bivouac dans un clairière, on devine de belles montagne en face de nous mais les nuages sont en train de faire leur retour et masquent déjà les sommets. La journée suivante doucement nous ressortons des habits de pluie… Nous avons plus de mal à trouver un coin de bivouac : des spots signalés il y a huit mois sont désormais clôturés ou en passe de l’être… C’est dommage et usant de se chercher un coin libre alors qu’autour de nous les espaces sont si vastes.

Nous repartons pour une étape facile, peu de dénivelée… Mais du coup nous nous retrouvons entourés de marais, à l’eau jaunâtre. Notre filtre s’est cassé il y a quelques jours et depuis nous buvons directement l’eau des cascades, ce qui ne nous a pas rendu malade jusque là…Mais la couleur de l’eau ici ne nous inspire pas du tout et nous nous partageons des fonds de bouteilles…Heureusement qu’il ne fait pas trop chaud ! Nous arrivons tôt à la bifurcation pour Tortel, un port de maisons sur pilotis en passe de devenir un lieu très touristique, mais qui est un endroit très soumis aux précipitations… De ce côté nous sommes déjà servis et ne demandons pas de rab…Vu l’heure, bien que nous ayons déjà fait près de 40 km, je motive les troupes pour nous engager dans la montée : il n’y aura pas moyen de se poser avant le sommet, mais si nous y arrivons nous pourrons prendre un bateau dans la matinée à Puerto Yungai, au lieu de devoir attendre celui du soir… Nous avons 500 m à gravir et toujours pas d’eau. Nous nous résolvons finalement à remplir les bouteilles dans un piscoulis pas mal jaune. La montée est très raide, Tiago fatigue et je prend sur moi de faire les allés retours avec son vélo, puisque j’ai insisté pour nous engager là dedans… Nous finissons la monté tard et bien fatigués, mais contents quand même du défi relevé !

Pour rallier le port où nous devons prendre un bac pour une petite traversée, il reste tout de même deux trois grimpettes et 11km. Nous visons la traversée de 12h, celle de 10 ce serai tendu… Mais en approchant on se prend à y croire. Eric file devant en forçant, bonne idée : en arrivant devant l’embarcadère, le bateau qui vient de partir inverse ses machines et revient ! Le temps qu’il baisse la rampe tout le monde s’engouffre dedans sans ralentir ! Et nous profitons d’une bonne petite pose au chaud dedans !

De l’autre coté, à Rio Bravo, nous repartons avec une première partie relativement plate puis de nouveau de la montée avec des  pentes bien sévères et un temps pas terrible : nous devons choisir entre être mouillés par la transpiration ou la pluie… Les paysages sont ici très sauvages : plus de barrières, l’humain n’a pas laissé d’empreintes ici, à part ce ruban de piste. De chaque côté il n’y a que rochers et mousses spongieuses, et encore et toujours, des torrents de partout !

Le jour suivant nous prenons encore beaucoup de denivellée avec des pentes très raides. La pluie menace sans tomber, mais quand nous arrivons devant un petit refuge, nous cédons à l’insistance des enfants bien qu’il soit encore tôt…On ne peut pas tirer sur la corde tous les jours ! Des années de cyclos y on laissé leurs signatures, nous identifions la famille de » roulez doudous « et les » rayons mix « passés ici avant nous ! Nous profitons du confort de l’abri et du feu de cheminée en bavardant avec un couple neozélandais-suédois arrivé ici en fin d’après midi.

Un cinquantaine de km nous sépare de Villa O’Higgins et de la fin de la caratera australe. Nous envisageons de le faire en deux étapes à cause du dénivelée, mais finalement la pluie persistante et l’attrait d’un abri au camping nous font pousser sur les pédales. A moins de 20km de l’arrivée, Eric gère mal un gros caillou sur la piste (le but est de passer suffisamment près pour être sur que les deux roues de la charrette l’enjambent) trop près, trop vite, cela se finit par une grosse gamelle et la jante avant éclatée. Côté humain, merci le casque : il y a juste le vernis qui est bien rayé au mains et au coudes.

redressement sauvage de la roue…

En remplacent la chambre à air, quelques coups de pince multiprises et en démontant l‘étrier de frein, on peut repartir doucement même si la roue a vraiment une sale gueule !! A villa O’Higgins on se pose en fin d’après midi bien fatigués.

Ici la route est finie : aucun véhicule ne peut aller plus loin…Mais pour les piétons et les cyclos courageux (il faut pousser les vélos) il y a un chemin qui traverse la frontière vers l’Argentine…Et pour le rejoindre il faut prendre un bateau pour traverser le Lago O’Higgins. Le hic, c’est que la traversée se fait avec de petites embarcations qui ne sortent que si les conditions météos sont bonnes et pour l’instant il y a trop de vent…

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