Eveil Nomade

Pérou de Trujillo à Caraz : désert côtier et profond canyon !

Passage de la frontière Equateur – Pérou :

Décidément rien à faire, la saison humide nous a bel et bien rattrapé, qu’à cela ne tienne il y a également de très beaux endroits à voir au Pérou. Nous trouvons un bus qui fait directement Cuenca – Chiclayo (Pérou), on embarque les vélos pour une bonne douzaine d’heures de bus avec passage de la frontière en pleine nuit. Là, petite surprise :

-Êtes vous déjà venu au Pérou ? 

-Oui

-On ne trouve pas votre sortie du territoire

Hein ? Quoi ? Comment ? Nous étions sortis par l’aéroport de Lima…

Grosse tension et discussion : Eric avait à l’époque un passeport Italien, ce qui complique encore les choses…

-Bon ben vous devez aller vers mon supérieur ( pendant ce temps le bus attend…)

On court à l’autre bout des douanes avec des enfants dans le coltar (il est 2 heures du mat).

Le supérieur repose les questions, obtient les mêmes réponses, mais bricole un truc sur sa bécane et, ho miracle, il tamponne le passeport ! Par contre dans l’affolement on oublie de demander directement les six mois, nous devrons faire une extension payante (12 sol)…

Arrivés à 10h à Chiclayo, nous avons la mauvaise surprise de découvrir que ce n’est pas un terminal à la Mexicaine, genre gare routière avec toutes les compagnies et toutes les destinations, c’est le terminal de la compagnie ; il faut donc repartir pour 6 bornes de vélos à travers la ville. Après cette mauvaise nuit, le sort s’acharne : Lilou lambine, Eric crève son pneu, l’humeur est à l’orage…Nous devons quand même faire une pause pour nous fournir en monnaie locale (ATM de la BCP qui a la bonne idée de ne pas prendre de frais). Puis nous trouvons la compagnie Amtrafesa qui rallie Trujillo et on enchaîne pour 4h30 de plus. Ce que nous voyons de la fenêtre nous conforte dans notre choix : en plus de sa réputation peu sûre, le désert côtier ne semble pas justifier de faire une semaine de vélo ici.

Trujillo et les ruines de Chan Chan :

Arrivés à Trujillo nous sortons de la ville pour aller nous poser à côté des ruines de ChanChan. On est tous bien claqués, une journée off s’impose ! Au vue du programme Péruvien nous décidons de faire changer la jante arrière de Gaëlle : si elle n’est pas encore découpée comme la mienne cela ne va pas tarder et on ne veut pas prendre de risques, perdus en montagne…

Nous faisons la visite du site archéologique de Chan chan, vestige de la capitale impériale de l’empire Chimu (civilisation pré Inca de 850 à 1470 ap J.C) de près de 60 000 habitants. C’était la plus importante ville précolombienne construite en adobe. Les murs épais de plus d’un mètre, bâtis en brique d’adobe, enduit de terre, avec à leur base des décorations de motifs répétés en relief. Bien organisée, en 9 palais immenses. Cette civilisation est encore peu connue et l’érosion a bien entamé la ville qui a été abandonnée à l’arrivée des Incas, mais la visite vaut quand même le détour !

Désert côtier :

Bon, c’est pas qu’on s’ennuie mais la montagne nous appelle, nous rechargeons les sacoches en victuaille et mettons le cap vers la « cordillera Blanca ». Nous faisons une première étape jusqu’à San Jose, la Panaméricaine est circulante mais rien de catastrophique et le bas côté large offre une sécurité appréciable. Nous avons bien un vent latéral qui vient de la mer, mais là encore tout à fait supportable. A grand coup d’irrigation l’homme a apprivoisé le désert et si nous voyons bien des dunes de loin en loin, les bords de routes sont occupés par d’immenses champs de canes à sucre de fèves ou d’avocatiers. Du coup pour le bivouac, ce n’est pas gagné et nous prenons une hospédaje bon marché à San Jose.

Encore 27 km de panam et nous laissons le trafic pour une piste à droite : un raccourci de 50 km. Là, nous profitons une fois de plus de la magie du désert : la tranquillité, les montagnes et leur panel de couleurs, la piste est même bonne : du bon ripio pas sableux ! C’est plus éprouvant que le goudron mais cela en vaut la peine. Le bivouac du soir est également à la hauteur : super tranquille et un ciel magnifique !

Le jour suivant, nous traversons le village de Tanguche où nous demandons pour remplir nos réserves d’eau à un robinet. La dame nous informe que l’eau n’est pas 100 % potable. On sort le filtre et effectivement nous confirmons, après 6 litres la cartouche est recouverte d’une bonne couche de fin limon gris… Autour du village ce sont de grandes cultures de Maracuyas (fruits de la passion) qui profitent du soleil et de l’irrigation.

Nous trouvons encore un beau bivouac au milieu des rochers, pour le plus grand bonheur des enfants qui adorent se faufiler la dedans pour se faire des cabanes.

Après 50 km de piste nous traversons le Rio Santa et retrouvons le goudron. Il y a toujours aussi peu de trafic mais nous avançons plus vite, aussi avant midi nous sommes à Chuquicara. Nous rechargeons l’essence du réchaud et avons la très mauvaise idée de vouloir gagner du temps en prenant un menu dans un bouiboui à la façade jaune inoubliable… Le paysage s’encaisse progressivement et les premiers tunnels commencent à se succéder. Nous stoppons pas très tard de peur de ne plus trouver de bivouac. Un pic up de géologue en prospection minière s’arrête pour nous offrir un sac énorme de fruits, gâteaux, chips ! Devant notre embarras il nous font plus ou moins comprendre qu’ils font ça pour les cyclos, qu’hier c’était pour un allemand !

La nuit rien ne va plus : Lilou la première ne se sent pas bien, peu après elle commence à vomir, rapidement suivie par Tiago. Ils se relaient ainsi toute la nuit et, au matin, c’est moi qui suis en vrac… Seule Gaëlle, qui a fait l’impasse sur le poulet du boui boui, est sauve.

Après une nuit difficile…

On n’ a pas d’eau pour rester sur place mais on est tous bien fatigués, Gaëlle plie tout pendant qu’on finit nos non nuits… Et il faut repartir sans savoir vraiment ou nous pourrons nous arrêter (il nous faut de l’eau). Les enfants remontent courageusement sur leurs vélos. Finalement nous n’avons que 2 km jusqu’au premier point d’eau : là, on replante le tipi pour une journée de convalescence.

Le lendemain cela commence à aller mieux. On repart dans un paysage toujours plus encaissé, de nombreuses petites mines de charbon percent dans les parois, certaines au niveau de la route sont toujours exploitées de façon artisanale, les sacs de houille s’alignent prêts à être chargés. La variété des roches colore les pentes de ce milieu, quasiment exclusivement minéral, où ne poussent que quelques cactus. Il n’y a qu’au niveau de la rivière qu’une végétation plus feuillue a pu grandir. Le village de Huallanca est le dernier arrêt possible avant le cañon del Pato. Ici les montagnes se rapprochent et les tunnels s’enchaînent, plus question de bivouaquer. Tiago n’a pas complétement récupéré, il est blanchâtre et peine à monter. Heureusement une fois les trois lacets passés, la pente est très régulière et les points de vue offerts nous motivent bien, sans compter que passer les tunnels est toujours amusant (très peu de circulation, il faut juste attendre si on voit un camion au loin) ! Cela fait une belle journée plus de 700 mètres de dénivelée et nous trouvons un beau bivouac au dessus de la route, à la sortie des gorges. Le désert côtier est derrière nous, les montagnes verdissent, de petites touffes d’herbe et de buissons d’épineux, nous apercevons même les premières tête blanches de la cordillère. Au matin nous avons tous retrouvé la forme et rejoignons facilement Caraz à midi, en se rapprochant des magnifiques sommets immaculés. Nous nous posons pour nous organiser quelques randos au milieux des montagnes.

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