Eveil Nomade

Carratera australe, jusqu’à Coyhaique !

D’Hornopiren au parc de Pumalin : où l’on découvre la forêt humide patagone…

Nous laissons l’abri d’Hornopiren pour rejoindre le ferry pour Caleta Gonzalo, porte d’entrée du parc de Pumalin. La météo n’est pas terrible, mais tant qu’à faire nous passerons cette journée à l’abri sur le bateau… Au port, ils ont l’habitude des cyclos : on nous désigne deux pick-up vides où charger nos vélos, pour passer sans perdre de temps la jonction terrestre entre les deux bateaux. Quand à nous, nous ferrons ces 10 km en bus.

Le bateau est très confortable : fauteuil, table et c’est même chauffé ! On est bien contents d’être à l’abri plutôt que sous les trombes d’eau qui arrosent le pont du bateau. Entre deux averses nous pouvons sortir profiter des paysages. Nous apercevons de temps à autre les pentes abruptes couvertes d’une végétation luxuriante qui plonge dans l’océan, mais les conditions météos ne sont pas idéales pour apprécier cette traversée de fjords, les nuages masquent le haut de toutes les montagnes…

A l’arrivée nous allons poser notre tente au premier camping du parc de Pumalin, il n’y a personne et nous nous installons confortablement sous un abri collectif… Comme nous sommes encore hors saison, cerise sur le gâteau c’est gratuit !

Au matin il pleut toujours, on pouvait s’y attendre en traversant un parc dédié aux forêts humides… Mais ce mauvais temps tape sur le moral d’Eric. Il prend ça comme une condamnation alors que j’y vois plutôt un défi…Quand aux enfants, ça va, tant qu’ils ont chaud ! Nous repartons donc en vêtements de pluie de pied en cape.

Dans le parc, pas de goudron c’est du « ripio » de la très bonne piste, un gravier bien compacté qui roule bien. La route a été tracée à travers la forêt créant comme une immense tranchée verte dans la végétation. Sur les bords, au pied de ces murs verts, poussent de très grandes fougères et surtout les Nalca avec leurs énormes feuilles pouvant atteindre les 1,5m de diamètre ! Dans tout ce vert on distingue très bien les clochettes rouges et violettes des fuchsias sauvages, qui chez nous sont généralement des petites plantes d’ornement : ils poussent ici partout, atteignant sans mal les dimensions d’arbustes.

Pour le profil, ben c’est souvent droit dans la pente, on enchaîne les fortes pentes tant dans un sens que dans l’autre !

Le temps change vite au cours de la journée, on quitte les vêtements de pluie mais nous sommes trempés par la sueur. Nous profitons des accalmies pour faire des petites balades dans cette forêt à la végétation luxuriante. Nous découvrons notamment des Alerces, des arbres endémiques de la famille des Cyprès, qui peuvent vivre plusieurs milliers d’années et dépasser les 50 mètres de haut.

Au soir nous squattons de nouveau un quincho gratis proche du lac noir. C’est avec un dimanche super beau que nous repartons sous un ciel totalement bleu ! Nous avançons bien malgré les pentes. A l’approche du volcan Chaiten qui avait plongé la région dans le chaos en mai 2008 (c’était la plus violente éruption d’un volcan chilien depuis 1932) nous apercevons ses pentes fumantes et les volutes de fumée qui s’élèvent du cratère. Là, nous retrouvons le goudron et accélérons considérablement la cadence. Nous atteignons Chaiten en milieu d’après midi, et pouvons observer un énorme volcan enneigé au dessus du Pacifique ! Mais ce n’est pas le moment idéal pour faire des courses un dimanche, nous trouvons tout de même un petit commerce ouvert pour refaire le niveau. Il est tôt et nous décidons de pousser encore un peu, du mauvais temps est encore prévu pour demain… Malheureusement après Chaiten la zone est très marécageuse et tout a été consciencieusement clôturé. Nous trouvons finalement un petit coin derrière une barrière ouverte, le propriétaire passe en fin d’après midi et nous laisse camper là, mais visiblement c’est bien parce que nous avons des enfants…

Au matin retour de la pluie bien serrée, on repart la tente trempée, son sac semble rempli de plomb. Et comme il n’y a que ça à faire, nous avançons à toute berzingue (en plus ça réchauffe). A midi le temps s’arrange nous apercevons même les sommets blancs de quelques montagnes. Le secteur a l’air vraiment beau, dommage que les nuages ne nous laissent qu’entrapercevoir ce potentiel…

Les bivouacs ne sont pas légion sur cette partie, les ponts sont une bonne option, ils offrent souvent un abri accessible. Nous prenons le temps d’essuyer le tipi avant de le monter. L’étape qui suit Puerto Cardenas compte un col peu élevé, mais les rampes ont des pentes très marquées à plus de 10 % où nous forçons comme des brutes pour les passer. Nous nous faisons rattraper par plusieurs cyclos, la saison commence et la Carratera australe va devenir une véritable autoroute pour voyageurs à vélo. Cette abondance de rencontres est très sympa dans un premier temps, mais à force ça finit par devenir un peu lourd de s’arrêter à chaque fois pour discuter…Faut croire qu’on devient sauvage à force d’être seuls sur la route !

Nous redescendons le col : avant d’arriver à Villa Santa Lucia nous traversons une zone dévastée où restent les stigmates bien visibles de la coulée de boue qui a coûté la vie de 21 personnes en décembre 2017. Villa Santa Lucia est au carrefour de la route frontalière de Futalafeu à partir d’ici tous les itinéraires convergent et les cyclos seront de plus en plus nombreux. Nous trouvons un bon bivouac à côté d’une rivière avec plus de 730 mètres de dénivelé dans les pattes. En fin d’après midi un couple de wallons arrive et se pose, ici il y a de la place pour deux tentes heureusement car les options sont rares.

20 000 km !

4 décembre, c’est encore une belle journée, nous sommes à 63 km de la Junta où nous prévoyons une courte pose, plus de col mais une longue suite de bosses, nous cumulons le dénivelé. Après 50 km nous faisons un pose bonbons et photos pour fêter nos 20 000 km !

Nous nous arrêtons au bord de route derrière une glissière de sécurité à 4 km de la Junta, vu le tarif des camping nous irons profiter d’une journée complète de repos plutôt que seulement la nuit…

Nous ne nous reposons qu’une journée malgré l’insistance des enfants à rester plus longtemps ; Il y a une fenêtre météo de 3 jours que nous ne voulons pas louper…

De la Junta à Coyhaique :

A la fin de la première journée nous retrouvons un zone de piste et mangeons pas mal de poussière. Le lendemain, à peine repartis, le pédalier de Tiago se bloque. Il est à nouveau foutu…Les boules, il n’y aura rien pour le réparer avant Coyhaique, à 200km au sud… Et le stop avec tout notre bazar et 4 vélos, ce n’est pas gagné…On commence donc à lever le pouce aux rares camions qui passent. En attendant Eric bricole pour essayer de le faire tenir jusqu’au prochain village…Et ça marche ! On repart donc, s’attendant à être bloqués à tout moment. Finalement le bricolage et de la graisse tous les soirs nous permettront de rejoindre Coyhaique !

A Puyhuihuapi, nous rejoignons le Pacifique et longeons un fjord. Nous voyons même quelques ailerons de dauphins. Puis nous attaquons un autre « col », qui cette fois n’est pas goudronné. Nous tenons absolument à le passer sans la pluie qui est prévue pour le lendemain…La montée est rude, pas plus que dans les Andes mais nous n’avons pas vraiment la fierté de passer un gros col ici…! En haut la vue est chouette avec des cascades qui jaillissent de partout et ces forêts bien spécifiques à la Patagonie.

Le lendemain, sans surprise il pleut, mais c’est très léger et nous pouvons pédaler sans que ce soit trop dur à supporter. Mais décidément ça gâche quand même la découverte des paysages …

Le jour suivant, Tiago est super motivé pour rejoindre Manihuales dans la journée…Mais nous croisons presque tout de suite un couple de cyclos français bien sympas et bavardons jusqu’à midi ! Bref la journée est bien entamée et nous finirons une quinzaine de kilomètres avant la ville, avec un bivouac en bord de route un peu bruyant. Des barrières clôturent en effet tous les bord de routes et empêchent de faire de beaux bivouacs, d’un côté on comprend, vu tous les voyageurs qui passent ici, que les habitants limitent l’accès à leur terrain. Mais nous sommes coincés sur la route et avons du mal à vraiment profiter du côté sauvage des paysages qui nous entourent…

A Manihuales, nous prenons deux nuits, les enfants ont vraiment besoin d’une pause et comme nous avons tout le camping pour nous seuls c’est confort !

Nous mettons ensuite 2 jours à rejoindre Coyhaique, nous avons choisi l’option facile et gardons la route goudronnée. Il n’y a pas grand-chose à en dire : pas mal de dénivelé, et de beaux paysages dévoilés de ci de là entre deux nuages…

Nous nous posons pour plusieurs jours à Coyhaique pour réparer les vélos, et fêter l’anniversaire de Lilou : après le Laos et le Mexique voilà son dernier anniversaire du voyage, en Patagonie !

11 ans !!!

5 reflexions sur “Carratera australe, jusqu’à Coyhaique !

  1. Antoinette Chevrolat

    Quel voyage intéressant sur cette partie de l’Amérique du Sud que nous ne connaissons pas après la traversée de Bariloche à Puerto Varas. Suggestion: à Ushuaia qui n’a rien d’extra, faire le Canal Beagle jusqu’à l’île Martillo.

    Joyeux Noël 2019! où que vous soyez!
    Bises
    Antoinette

  2. Pascale

    Que vous souhaiter pour 2020 ? Une météo plus clémente et de belles rencontres … et une bonne santé pour vous quatre bien-sûr ! Bises de nous tous

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