Eveil Nomade

Mongolie : de Karkhorin à Möron, du vent, du sable et de magnifiques paysages !

Après 3 semaines sans accès internet, ni douche chaude, voilà enfin quelques nouvelles.

De Karkhorin vers Tosontsegel :

4 juillet, 2ème jour de grand vent. Ce matin le moral est très bas, en partant nous avançons en titubant, le nez dans le guidon et avons beaucoup de mal à motiver Tiago. Heureusement jusque là, la Mongolie a comblé nos attentes. Nous avons quitté Oulan-Baator en bus jusqu’à Karkorin et de là pédalé jusqu’à Tsetserleg. Seules les portions très pentues ne sont pas goudronnées (le col juste après Tsetserleg nous a bien cassé les pattes). Les paysages sont magnifiques : rien n’arrête le regard, nous nous sentons tout petits. J’ai bien peur que nos photos ne rendent pas vraiment compte de cette sensation. En allant vers l’ouest les points blancs des yourtes qui ponctuent les vallées se font plus rares.

Nous essayons d’imaginer la vie ici. La technologie entre tout de même dans l’habitat traditionnel : nombreuses yourtes ont un panneau solaire et une parabole. Nous pédalons à côte de troupeaux de chevaux en liberté ou de grand troupeaux de yacks. Les mongoles se déplacent beaucoup en moto, certains en habit traditionnel, il n’est pas rare de les voir à trois ou quatre sur la moto un enfant faisant la sieste dans les bras de sa mère. Les cavaliers restent très nombreux veillant sur les troupeaux les poussant d’une zone de pâture à l’autre ou les surveillant de derrière la longue vue. Nous nous posons des questions sur la notion de « propriété » des terrains ici, il n’y a aucune clôture et nous ne savons pas si certaines zones sont réservées à des familles ou si le premier venu peut s’installer n’importe où !

Tout à l’heure une jeune fille et sont frère sont venus en courant nous rejoindre sur la route pour nous inviter à venir manger du yaourt. Bien que nous nous sentions un peu maladroits, cette invitation nous a fait très plaisir. Le yaourt de Yack est délicieux, les petits fromages n’ont pas fait l’unanimité. Je ne pense pas qu’ils sucrent leurs fabrications, le lait de yack doit être très doux ce qui convient plus au yaourt qu’au fromage. Après cela nous avons attaqué la montée suivante (non asphaltée) avec plus d’entrain malgré le vent

Le vent ne faiblit pas nous avançons doucement, les étapes se raccourcissent, peu importe, nous avons le temps du moment que nous pouvons trouver eau et ravitaillement (ce qui est toujours facile…). Peu après un petit hameau la rivière que nous suivions a creusé un canyon où poussent des mélèzes, les troupeaux descendent y boire et brouter l’herbe fraîche qui y pousse. Nous profitons de ce joli coin pour y faire une pose et nous laver dans la rivière.

C’est avec moins de vent que nous poursuivons jusqu’au lac blanc, encore un beau site, l’eau du lac est chaude les enfants s’y baignent. Les yack viennent y boire en entrant dans l’eau sur plusieurs mètres, une foie désaltérés et rafraîchis ils sortent, s’ébrouent comme des chiens et s’éloignent en caracolant au petit trot comme des chevaux.

On repart pour trouver une piste direction Jagarlant, là, petite déception rien ne part de façon évidente, le risque de se retrouver avec les enfants au milieu de nulle part sans eau nous pousse à la prudence (nous avons croisé des rivières portées pérennes sur la carte mais qui étaient à sec) nous poursuivons direction Tonsonsegel. Nous passons un col et bien sûr, l’asphalte s’arrête au pied. Au sommet à plus de 2500 mètres les gens honorent la tradition en tournant autour de l’Oovo ; en nous voyant arriver à vélo ils se mettent à applaudir et à sortir les appareils photos pour immortaliser les petites têtes blondes (Lilou sourit fièrement, Tiago ronchonne…)

Ensuite c’est une belle décente de 900 mètres de dénivelé où nous nous faisons masser le cuir par un court orage de grêle avant d’arriver dans une très jolie vallée. Un jeune cavalier monté à cru sur son cheval avec sa petite sœur devant lui vient à notre rencontre et demande à essayer le vélo de Tiago il semble le trouver agréable si bien que plus loin il nous rattrape avec le sien et nous propose de faire l’échange, nous refusons poliment malgré son insistance et poursuivons notre descente.

Changement de programme : nous partons en direction Möron pour tester la piste…

Une vingtaine de kilomètres avant Tonsonsegel nous avisons sur la carte une piste qui descend la rivière jusqu’à Jagarland elle est seulement sur le mauvaise rive, qu’a cela ne tienne, on plante le tente au bord et on cherche le gué le plus pratique. Au matin nous passons tout en plusieurs voyages. Nous trouvons la piste, premier contact hors du bitume. Malgré un profil favorable et un vent dans le dos, les portions sableuse sont si fréquentes que nous ne faisons que 16km dans la journée. Par contre presque pas de circulation et de magnifiques paysages, de belle vallées qui remontent entre des montagnes plus minérales aux couleurs variées. Petite déception, nous loupons la fête du Naadam, il aurait fallu rallier une ville dans les temps …

A Jagarlant nous refaisons les réserves et enchaînons pour la prochaine étape : Shine ider. La piste prend sérieusement du relief et ne s’arrange pas, les pentes imposent leur lois nous obligeant à pousser de plus en plus. La circulation est nettement plus importante certainement du à la période de vacance et au Naadam .

Il fait chaud plus de 30° au dessus de 2000 mètres, la grandeur des paysages nous fait oublier un peu les efforts, le regard porte loin, rien ne le limite : pas de clôtures, pas de barrières pas d’urbanisation, seulement les discrètes traces des pistes portant à d’hypothétiques camps de nomades. Le dernier col avant Shine ider est de loin le plus dur, la piste est mauvaise avec de nombreuses portions sableuses et des raidillons qui nous contraignent à pousser nous devons même nous relayer pour monter les deux attelages à deux. Tiago en bave, et bien qu’il ait passé toutes les autres difficultés auparavant (vent, sable, cols) il finit ici par balancer son vélo… Nous nous relayons pour le passer au dessus du col. l’eau est absente et nos réserves seront justes. Nous franchissons le col en fin d’après midi les enfants sont cuits, nous avons cumulé plus de 670 mètres de dénivelé sur de  mauvaises pistes, ça use.

La descente sur Shin ider se fait en alternance sur une piste de pierraille, de tôle ondulée et zone sableuse ou gravillonneuse, pour plus de plaisir il est possible de cumuler tôle ondulée et sable ou pierraille au choix…

Nous décidons lâchement de stopper une nuit là. La routine avant de poursuivre : recharge de provisions, d’essence et d’eau au puits public. N’ayant pas d’infos sur la ressource en eau d’ici à Möron nous partons plus chargés que jamais.

Coté gastronomie, nous mangeons parfois dans des  « gazar » cantines locales où l’on vous propose les plats de base traditionnels, en quantités énormes ( 3 plats nourrissent 4 ventres affamés pour un petit budget de 8 euros environ !) toujours à base de mouton ; l’important est de se nourrir, l’idée de gastronomie n’est pas une priorité… Bien que le goût soit bon, la texture est souvent dure. La spécialité que nous mangeons le plus souvent est le tsuivan : pâtes maison, frittes avec de la viande de mouton. On trouve aussi facilement des buuz : viande de mouton hachée dans des chaussons de pâte cuits à la vapeur. Ces arrêts nous changent de nos repas peu variés. En effet de notre coté  nous ne pouvons guère faire mieux qu’alterner les aliments secs et pas lourds que nous trouvons partout : riz  / sarrasin et pâtes ! Il n’y a quasiment pas de légumes ici, nous ne trouvons que des patates et de temps en temps quelques pommes…

La piste qui part pour Möron n’est pas trop mauvaise au début avec une pente acceptable, mais en fin d’après midi le vent devient terrible et nous nous arrêtons au pied d’un col . Une femme qui surveille son troupeaux de chèvre avec sa jeune fille de 7ans viennent nous trouver. Elle est très ouverte et souhaite vraiment échanger, mais la langue reste une barrière. Contrairement au Russe nous ne retrouvons aucune consonance avec des langues connues, et nous avons beaucoup de mal à apprendre quelques mots. Nous échangeons un peu à l’abri du vent sous le tipi, Gaëlle est l’interlocuteur naturel, elle nous fait comprendre que sa yourte se trouve en contrebas de l’autre coté du col et nous invite à y passer le lendemain.

La journée commence par un gros coup de cul 1 km à 10% sur de la piste pourrie où on doit pousser tout le long nos attelages de 80 kg… à la descente nous sommes attendus par la petite fille de la veille, elle nous présente sa famille, ses quatre frères et sœurs et son père, nous sommes invités dans la yourte le fourneau est allumé, du lait y chauffe dans une sorte de wok certainement afin d’en faire du fromage, on nous offre l’ouroum, une sorte de beure/crème mangé sur des biscuits, nous avons également droit à un bol de yaourt de yack toujours aussi bon. La grand sœur parle un peu anglais ce qui nous permet quelques questions réponses simples, tout en traduisant pour sont père elle s’occupe du lait et alimene le foyer avec des bouses sèches.

La suite jusqu’à Möron est plus facile bien que la piste soit toujours aussi mauvaise. Nous cassons nos deux supports de porte bagage, je bricole pour que ça tienne jusqu’à Moron et on essaie de louvoyer plus prudemment entre tôle ondule et pierraille. En tant que cyclos, nous n’avions jamais testé de piste aussi rude !

Côté faune cette zone est bien trustée par les troupeaux laissant peu de place aux autres animaux, seuls les grands rapaces règnent dans le ciel lorgnant certainement sur la multitude de souslis (sorte de petite marmotte) qui pullulent dans la steppe. Sortie de là nous voyons seulement un lièvre, et un renard mort qu’exhibe un chasseur.

Juste en arrivant à Moron nous sommes rattrapés pas deux cyclos grenoblois c’est avec un grand plaisir que nous partageons infos et impressions.

A Moron on se pose, la suite de notre périple mongole est à finaliser, et il faut réparer les vélos, ce point se règle rapidement, comme dans tous les endroits où les gens n’ont pas grand-chose  ils compensent par leur débrouillardise. Je cherchais un endroit où faire braser un écrou sur les cadres pour pouvoir refixer les portes bagages (vive les cadres de vélo en acier) c’est en bord de route avec un gros poste à arc que les soudures sont faites ; protection du soudeur avec des lunettes de soleil…ici les contrôleur SPS ne doivent pas passer souvent…

La suite se révèle plus compliquée que prévu, nous avions lu qu’il était plus simple de repasser par Möron pour repartir vers l’ouest, la réalité est plus complexe : en fait les bus publics, donc bon marché, ne passent pas les limites d’aimag (département) ses ceux qui partent de la capitale le font. Pour rejoindre l’Altai, nous avons donc le choix entre retourner à Oulan-Baator (à 15 heures de bus d’ici) ou de faire de multiples changements (et devoir payer le surplus bagage à chaque changement, si tant est qu’il soit possible de faire rentrer nos sacoches et nos quatre vélos dans un petit bus). Du coup nous allons revoir nos plans et certainement repasser par oulan Baator pour rejoindre la Chine par la frontière la plus usitée… En attendant nous repartons demain pour le la Kövsgol au nord de Möron.

5 reflexions sur “Mongolie : de Karkhorin à Möron, du vent, du sable et de magnifiques paysages !

  1. Laurence

    Salut à tous les 4! Woaooo..bis repetitas ! j’essaie biensur d’imaginer au mieux! Magnifique la description des lieux et faits! Merci!

    Continuez d’envoyer régulièrement ça nous fait voyager nous aussi l’espace de quelques instants!

    La maison tient toujours debout et les légumes poussent!

    Amicalement,

    Laurence

  2. Nicole ZANETTI

    C’est avec plaisir que je viens de lire la dernière mise à jour de votre site et assise devant mon PC j’ai vraiment ressenti les difficultés que vous rencontrées sur les pistes avec tous ces dénivelés. Mais bien sûr les paysages et les rencontres resteront les côtés positifs de votre périple en Mongolie.
    Bonne continuation je vous embrasse tatan nicole

  3. Marie line

    SAlut à vous . Nous sommes des amis de Vanessa et Jerome et nous sommes à actuellement en mongolie aussi et plus précisément à dzag. Nous nous dirigeons vers la ville d’altay et nous devons passer la frontiere chinoise au plus tard le 15 août pour nos visas . Ça serait drôle de se croiser ! Voici notre blog : 2pierrequiroulent.travelmap.net
    Bon courage sur Les routes !

    1. Lesmurins Auteur de l'article

      Salut ,

      On aurait eu beaucoup de plaisirs à vous croiser, il n’y a pas beaucoup de cyclos par ici ! Malheureusement nous avons changé nos plans vu les complications pour rejoindre l’altai en bus depuis Moron… Du coup nous filons faire un petit bout de route dans le gobi. Bonne route à vous, on se croisera peut etre plus loin ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.