Eveil Nomade

Sur les contreforts du Tibet : de Tongren à Xiahe

Nous quittons Tongrèn (2500 m) avec un temps humide et froid. Quelques Tibetains activent les moulins à prières qui cernent le temple, d’autres se prosternent jusqu’à terre devant la statue de Boudha. Nous admirons la finesse et la grande variété de couleurs des porches du temple. Nous prenons la route pour Zekog, qui sinue dans une vallée encaissée. Il y à beaucoup de circulation et des coups de klaxon en proportion (on ne sait d’ailleurs jamais trop si ça signifie bravo, courage ! ou poussez vous de là !)… Nous passons notre premier tunnel : 1780 m où résonne le pétardement des triporteurs diesel.
Nous commençons à prendre vraiment de l’altitude à une quarantaine de kilomètre sde Tongrèn : après 740 mètres de montée et une série de lacets nous passons notre premier col sérieux à 3500 mètres. Les collines sont parsemées de nombreuse tentes d’éleveurs (nomades ? ), autour desquelles paissent les troupeaux de yacks et de moutons aux cornes torsadées. Il y a là un petit air de Mongolie, et on a souvent l’impression de voir de loin des yourtes, mais ces tentes blanches sont… carrées ! Et puis il y a ces clôtures le long de la route, destinées à protéger le bétail de la circulation, qui gâchent un peu le paysage et nous rappellent que nous ne sommes pas en Mongolie…
La couverture nuageuse reste bien présente, et nous essuyons quelques petites averses : pas de quoi se faire vraiment tremper mais cette ambiance humide (et froide) nous empêche de vraiment apprécier la ballade. Nous montons petit à petit jusqu’à 3700 mètres, nous ne souffrons pas de l’altitude, les nuits la température tombe à 5° dans le tipi.
A 17 km de Zekog un panneau indique Xiahe à gauche. Cette route n’existe pas sur notre carte, mais la perspective de laisser la circulation et les lignes haut tension ne nous fait pas hésiter longtemps pour changer de destination même si c’est une piste. Dès les premiers tours de roue on apprécie l’absence de circulation, et nous prenons plaisir à observer les petites fermes aux murs de terre en pisé décorés de motifs peints, les monticules : galettes de bouses de yak séchées qui servent de combustible pour les fourneaux. Il faut dire que le soleil est revenu et du coup le moral remonte et nous permet de vraiment profiter du paysage !
Peu de familles d’occidentaux à vélo ont dû passer par là et nous avons du succès ! Lors d’une pose une moto s’arrête, puis une autre, une voiture, encore une moto, on se retrouve au centre d’une dizaine de personnes à essayer de communiquer avec des gestes, pas facile : ils ne parlent pas tous chinois et encore moins anglais. Du coup il reste à nous regarder et à commenter entre eux le spectacle ! La carte les intéresse beaucoup et bien sûr ils veulent une photo avec les enfants, Tiago en a vraiment marre mais à notre demande il joue le jeu…C’est pas évident de garder le sourire et d’accepter leur curiosité quand on voudrait juste un moment pour se reposer et manger un peu, on ne se voit pas déballer le repas sous leur yeux et nous devons attendre qu’il aient autre chose à faire !
Le lendemain la pluie nous bloque sous le tipi, en plus ça caille mais on patiente : école, jeu de carte, lecture et rêves de gâteaux au chocolat !
Nous repartons sous un ciel plus favorable. La montée reprend doucement puis, les premier lacets d’un col se dessinent. Mais Tiago n’a pas la forme (peut être à cause de l’altitude?) et rapidement nous devons remettre en place notre technique de relais : il s’agit d’avancer un peu, poser son vélo, retourner en arrière récupérer le vélo de Tiago et avancer jusqu’à ce que l’autre adulte ait posé son vélo et récupéré celui de Tiago, alors repartir en arrière récupérer son propre vélo, doubler les autres et s’arrêter à nouveau etc… Pendant ce temps Tiago monte à pied avec Lilou. C’est long mais on y arrive. Les encouragements sont nombreux qu’ils soient en moto, en tripoteur ou à pied, bergers et travailleurs nous gratifient de signes d’encouragement, de sourires d’un petit coup de klaxon. Certains vont même jusqu’à pousser un temps l’un des vélos resté seul !Nous passons le col à 4170m le souffle à peine court, cela n’empêche pas Lilou de papoter sans arrêt… Passé les incontournables drapeaux de prières, c’est la descente. Nous perdons rapidement le dénivelé péniblement gagné.
Après 84 km de bonne piste nous retrouvons le goudron, nous nous posons et peu après  la pluie se remet à tomber.
Nous nous réveillons sous un ciel chargé de nuages, et c’est un jour sans : mauvaise humeur et ronchonnerie générale, le mauvais temps a décidément trop d’influence sur notre moral. Nous sommes motivés pour ne pas passer une nouvelle nuit sous la pluie et enchaînons les 70 Km qui nous séparent de Xiahe. De nombreuse petite fermes bordent la route gardées par des molosses énormes qui ne sont pas toujours attachés et nous foncent dessus dès qu’ils nous voient. Grosse panique de Tiago, Eric fait face avec un bâton, Lilou se marre… vivement Xiahe ! (La photo n’est pas de nous, on a pas pris le temps d’en faire, mais ça donne une bonne idée de la jolie gueule de ces toutous !).

Xiahe a bien grandi, les infrastructures touristiques sont bien plus nombreuses que lors de notre passage il y a douze ans. Nous profitons des bouis bouis pour changer un peu de nos pique niques habituels : pour le choix on doit reconnaître un idéogramme ou un autre pour cibler mais cela ne fonctionne pas toujours… En général c’est au hasard complet avec un résultat plus ou moins heureux ! Le mieux c’est quand nous pouvons montrer les plats des autres client en disant pareil…
Nous prenons beaucoup de plaisir à visiter le monastère de Labrang avec les enfants (Tiago vous fera une belle description…). Demain nous partons pour Chengdu.

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