Eveil Nomade

Ladakh : premiers tours de roue

Le départ : J1 :

Ça y est ! Nous quittons Leh habillés comme des bibendums (ça caille, il  a neigé ici hier soir!) et filons vers les montages. Nous commençons par perdre près de 500 mètres de dénivelé mais dès la première montée nous repassons en tee-shirt. Le temps est magnifique et notre humeur aussi, pourtant sur ces premiers kilomètres il n’y a rien d’extraordinaire : tout l’espace est accaparé par des camps militaires… Nous commençons seulement à voir de beaux paysages en montant le premier « col ». La pente est douce et régulière et nous passons à 3600 sans difficultés. En redescendant nous passons au pied d’énormes montagnes, on se sent tout petits… Nous rejoignons les rives de l’Indus, verdoyantes dans cet univers minéral. Emportés par notre élan, nous comprenons un peu tard qu’il sera dur de trouver un coin de bivouac dans cette vallée bien peuplée… Le temps passe et nous commençons à grimper le col suivant sans trouver de coin bivouacable… Les enfants grognent et les jambes se font lourdes, dur dur pour une première journée… Quand nous voyons les lacets qui se dessinent au dessus de nous, c’est la grève, il faut trouver tout de suite, pas question de s’engager là dedans en fin de journée ! On cherche entre deux champs, on trouve finalement  un joli petit coin près de la rivière, en contrebas d’un pont au tablier fait de plaques de métal dessoudées qui produisent un bruit terrible à chaque passage de véhicule !

J2 :

Nous nous réveillons sous un beau soleil, petit déjeuner sous le regard amusé de quelques femmes venues bêcher leurs champs. Lilou est motivée : elle est prête à s’attaquer seule à ce col ! Nous partons donc doucement et enchaînons les lacets. Les paysages sont magnifiques. Lilou tient bien le coup dans les lacets mais la montée s’éternise en faux plat sur la fin et nous finissons en binôme. Nous mangeons face aux sommets enneigés, panorama un peu gâché par les pylônes électriques. Après la descente, la vallée de l’Indus se fait plus encaissée, offrant encore un beau spectacle, puis c’est la confluence avec la rivière Zanskar et ses eaux turquoises. Dans le village suivant les offres pour faire du rafting sont nombreuses. De peur de ne trouver de bivouac entre ces pierriers presque verticaux nous nous arrêtons très tôt. Les enfants sont ravis et s’installent dans un nouveau jeu : chercher de belles pierres (je vous laisse imaginer le poids de leurs sacoches de guidon !…)

J3 :

Pas de col à passer aujourd’hui nous faisons pourtant pas mal de dénivelé en cumulant des monte-baisse. Nous suivons l’Indus, toujours bien encaissé, le laissons pour remonter à gauche jusqu’au pied du col de Fotu-la. Nous dormons au pied des lacets en face d’un petit temple bouddhiste tout près de la rivière, encore un superbe terrain de jeux pour les enfants.

J4 :

La montée commence très dur… On fait une pause à chaque lacet et nous sortons peu a peu de la gorge. Plus haut nous découvrons la vallée de la lune, paysage de congloméra jaune-ocre où l’eau a raviné d’innombrables sillons, sculptant ces formes typiques. A 11 heures nous arrivons à Laymaru, les jambes en compote… Nous récupérons dans un petit restaurant en nous régalant d’un bon dhal (riz-lentilles épicés) accompagné d’un thé noir. Nous hésitons à visiter le village puis estimons que nous nous le voyons très bien de là où nous sommes, d’autant plus que la montée continue à grimper en lacets bien raides. Des motards s’arrêtent pour prendre en photo Tiago : ici c’est lui le chouchou ! D’habitude c’est Lilou qui reçoit tout les égards, mais là un enfant qui pédale seul avec des sacoches impressionne grandement. Malheureusement Tiago n’apprécie pas ces marques d’attention et grimace difficilement des sourires… Un vent glacial se lève, de face bien sûr, qui finit d’achever les troupes. Nous trouvons sans mal un beau coin de bivouac.

J5 :

Le grésil nous réveille… ce n’est pas le genre de musique qui motive, une heure plus tard le soleil pointe entre les nuages, on ne traîne pas, d’autant plus que sans réserve d’eau nous n’avons pas le choix… L’objectif de la journée est de passer le col. Nous aurons bien moins de dénivelé que la veille mais les jambes sont fatiguées. Heureusement sur cette partie les pentes sont bien moins raides, nous arrivons au Fotu-La en fin de matinée. Mais à peine a t’on passé le col que le mauvais temps nous rattrape. Le grésil et le vent de la descente nous giflent littéralement. On cherche en vain un bouiboui et finissons par manger sous la bâche. Le grésil s’arrête mais le froid persiste et nous gâche le plaisir de la descente. De très longs convois de camions militaires nous enfument de leurs panaches noirs. On finit l’après midi dans la tente bien enfouis dans les duvets.

J6 :

Nous sommes au pied du Namika-La, le dernier col sur cet itinéraire. Le temps est toujours au froid et les enfants commencent à fatiguer après cinq jours de pédalage. Nous montons donc doucement et faisons des pauses fruits secs régulières. Mais alors que l’altimètre annonce que nous sommes arrivés, la route continue à monter en lacets… Il semble qu’il y ait une erreur d’une centaine de mètres sur la carte, c’est un coup dur pour Tiago… Sur ce des motards veulent nous filmer en train de pédaler, pour Tiago c’est la goutte d’eau que fait déborder le vase : en baver d’accord mais sous le l’œil d’une caméra… Il craque et les motards ont la délicatesse de repartir. Nous faisons une pose repas et la fin du col se passe sans souci. Au sommet un groupe de motard applaudit notre arrivée, l’un d’eux se fait photographier sur un vélo. La descente est très agréable au milieu de ces montagnes désertiques. Nous passons Mulbekh où nous apercevons la roche sculptée à l’image de Boudha, mais une maison a été bâtie juste devant masquant presque totalement l’œuvre. A partir de là il y a nettement plus d’urbanisation et de cultures. Nous trouvons enfin un coin pour monter le tipi. Rapidement deux femmes avec un bébé viennent voir qui s’installe là, l’interlocuteur c’est Gaëlle : les questions habituelles puis la plus jeune aide Gaëlle à finir de monter le tipi. Plus tard un gars arrive, c’est un bengali qui bosse juste là, il ne parle pas l’anglais et les échanges sont spartiates mais finalement il reste manger avec nous. Il me regarde préparer le dhal à notre façon, il me fait rajouter du sel puis il me dit qu’il manque autre chose. Je lui fait sentir les épices que nous avons puis finalement je trouve, c’est le curry qui manque : il me disait « color, color » !On finit par un thé et une séance photo. A peine plus tard il revient avec son fils voulant que nous fassions une autre photo ensemble, puis ils m’invitent à partager un thé avec eux. Au passage ils me montrent leur travail : ils font un socle pour un pylône téléphonique. Dans la tente de chantier ils sont cinq tous bengalis. La préparation du thé au lait commence en écrasant un morceau de gingembre dans un gobelet métallique avec un bout de fer à béton de 20 en guise de pilon, puis le lait est mis à chauffer avec pas mal de sucre et une poignée de thé en vrac, le résultat est très bon. Il faut le boire en aspirant bruyamment !

Arrivée à Kargil : J7 :

Au matin la descente sur Kargil se fait sans problème. Kargil est un ville très peuplée et fort peu touristique. Notre idée est de rallier Padum en bus et de revenir à vélo : nous filons donc direct au terminal de bus. Là ça se complique : pas de bus pour Padum, on nous propose seulement un taxi pour une blinde… On décide d’aller manger pour réfléchir, pas évident de trouver un endroit où stationner nos attelages. Bon on va se poser là une nuit et remettre nos réserves à niveau. En regardant la carte nous prenons conscience que nous ne sommes qu’à une vingtaine de kilomètres du Pakistan, la porte pour le karakorum Hightway et de magnifiques paysages, mais la frontière est fermée il faudra revenir.

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