Eveil Nomade

De Leh à Keylong, sur la plus haute route du monde !

Le Kardung La, en solitaire :

La famille m’accorde une journée pour que je puisse tenter la montée au col Khardung-La, le plus haut col carrossable au monde.

J’ai tout préparé la veille : vélo, fruits secs, eau et vêtements.

A 5h j’avale un morceau de pain histoire de ne pas attaquer le ventre vide. A 5h30 je suis sur le vélo, je sors de Leh par des ruelles en travaux pour éviter un baisse et monte. A 6h je suis sur la route du col, et c’est parti pour la grimpette. Le route remonte la vallée sur un goudron en bon état, reposé et à vide ça monte vraiment tranquille surtout que les pentes sont douces. Les paysages ne changent pas trop, Leh reste visible un long moment en contrebas au fond de la vallée, les hôtel on laissé la place à des habitations et de petites fermes, tout ce vert dû au peupliers, principalement jusqu’à environ 4000 mètres, contraste beaucoup avec les pentes arides des montagnes alentour. j’aperçois quelques marmottes et une groupe d’animaux qui ressemblent à des gros chamois.

La montée se poursuit sans souci jusqu’à un check-point, là je monte croyant qu’ils veulent enregistrer mon passeport mais on me demande un permis, Aï !

– quel permis ?

– Le permis pour Le Sud Pullu,

– J’ai pas …

– Tu retournes le chercher à Leh !

Je suis pas motivé, je viens de faire plus de mille mètres de dénivelée, j’insiste, j’explique que je vais juste au col et que je redescend de suite, le second gars moins psycho-rigide me dit de laisser mon passeport et de le reprendre au retour. Cela ne me plait qu’à moitié mais bon je pose le passeport et repars. Le suite ne change gère si ce n’est que la circulation augmente bien avec l’avancée de la matinée. A 27,5 km de Leh le goudron laisse place à de la piste pas trop mauvaise. J’arrive rapidement sur des travaux où on doit attendre pour passer la zone, quasiment jusqu’au sommet les travaux alternent avec des tas de matériaux  entreposés, réduisant la largeur utilisable. Des groupes de plusieurs dizaines de personnes bossent le long de la piste à casser des cailloux au marteau pour en faire des tas calibrés. La piste se dégrade : trous, grosses pierres ça devient pas bon, et il reste plus de 6 km, en plus un léger mal de tête m’informe que je suis pas loin des 5000 ; je fais des pauses régulières depuis le début pour boire, même si je n’ai pas soif et manger quelques fruits secs. Encore des travaux, je double les colonnes de camions, petite satisfaction ils me font bouffer assez de poussière et de gaz d’échappement, surtout les 4×4 mal réglés : ces saloperies me vomissent de gros nuages noirs à la gueule. Je les laisse passer en retenant ma respiration, mais à plus de 5000 je hallète pas mal pour récupérer de l’apnée… Le mal de tête ne s’arrange pas en montant à 5200, maintenant j’ai tout de même envie de finir, je multiplie les poses et fini ma deuxième bouteille d’eau. Encore un effort et j’arrive au col avec un bon mal de tronche à 5370 (relevé GPS) et non les 5569 annoncés par la borne et heureusement 200 mètres plus haut je ne le faisais pas ! Il y a énormément de monde : touristes, camions militaires, motos, taxis… On patauge dans le boue, c’est pas très agréable. Je fais une photo vite fait et m’éloigne grignoter un biscuit. La descente c’est debout sur les pédales en cherchant à éviter de trop secouer le matos. Le circulation ne s’arrange pas :des colonnes de camion militaires, groupes de taxis, et en plus il prennent la meilleur partie de la piste ! Je retrouve enfin le goudron, ça va aller un peu plus vite, j’enfile la coup vent ,les gants et en avant. Je récupère mon passeport à Gangas après un moment d’attente, ben oui celui qui l’avait était allé manger. Plus bas je croise un cyclo Hollandais mais lui c’est pas une tafiole il monte avec tout le matos, le vélo chargé à coin ! On discute un peu, lui il a le permis et part faire un tour d’une semaine dans le sud Pullu. Je finis la descente et retrouve la guest-house à 14h40, le mal de tête a diminué en descendant mais il en reste encore un peu, je le chasse avec un aspirine.

Soit pour monter : 6h20 avec les poses, 1856 mètres de dénivelé 37,35 km et au total 74,33km 7h.

Mais franchement ce n’,est pas un très joli col il y a beaucoup de circulation et entre les travaux et la piste pourrie sur le haut, je suis un peu déçu. Le soir en allant manger, on croise le cyclo Hollandais au check-point : ils l’on refoulé parce qu’il avait un permis pour deux et qu’il était seul…

Sur la plus haute route du monde, à vélo avec nos enfants !

 

Avant de repartir nous faisons un gros stock de victuailles ; nous prévoyons deux semaines d’autonomie ! La première difficulté de l’itinéraire c’est le col Taglang-La, second plus haut col routier du monde à 5330 mt. Selon les infos que nous avons, il y aurait 1800 mètres à monter, sans possibilité de bivouac et sans ravito en eau : pour nous, avec les enfants et nos courtes étapes, ce n’est pas envisageable sans risquer de virer à la galère… Nous shuntons donc cette partie en nous faisant déposer en haut du Taglang-La en voiture. Dans les faits, si les 50 premiers kilomètres après Leh ne présentent que peu d’intérêt, nous regrettons de ne pas avoir fait la suite à vélo : la vallée passe par un canyon superbe et la route est goudronnée jusqu’en haut. Nous notons aussi qu’il est possible de prendre de l’eau dans une rivière, 24 km avant le sommet. Certain disent quelle n’ est pas très propre mais quand on a filtré et bu l’eau du Mékong, le point de vue est différent… Disons que nous avons économisé l’énergie des troupes pour la suite.

Cette montée sans effort nous à permis de passer l’altitude sans aucun problème. Nous accrochons sacoche, folowme, charrette et quittons les 5300 pour une belle descente bien asphaltée. Ici c’est sec, rien à voir avec le Zanskar, un vrai désert d’altitude. Le paysage est époustouflant et varié, un vrai plaisir. A midi nous rejoignons les Morey Plains où nous mangeons en regardant des petites tornades de poussière se former. L’après midi c’est une route facile qui traverse la plaine où seuls s’établissent pour la saison quelque Dhabas où les gens peuvent se restaurer et même dormir. Il y a également des camps de nomades éleveurs de chèvres, dont la particularité est de développer des poils soyeux qui seront utilisés pour produire les laines de cachemire et surtout Pachmiri. L’après midi le vent se lève, de face bien entendu, excuse incontournable pour que les enfants revendiquent la pause. Il n’y a aucune difficulté pour trouver un bivouac, une jolie première étape.

Le lendemain nous poursuivons à travers les Morey Plains qui se finissent par une cassure : le plateau est coupé par un canyon large, impressionnant et totalement inattendu : nous ne le découvrons qu’en arrivant dessus ! Quelques lacets nous permettent de descendre jusqu’à Pang. Là nous profitons des dhabas pour manger sans avoir à sortir le réchaud. Les enfants ont du succès et se font offrir des snickers ! L’après midi ça se complique, à partir de là, au revoir le goudron : c’est de la piste avec poussière et vent de face. La route remonte la rivière au fond d’un canyon décoré par de belles formations en cheminée de fées. Rapidement Tiago revendique l’arrêt, on essaye de le motiver pour avancer encore un peu : tout ce qui est pris est autant de moins à faire demain, mais rien n’y fait… Le vent n’aide pas et nous posons la tente en bord de route, pas très tard. Les parents en profitent pour se balader un peu…

La suite c’est un pour un gros morceau de 700 mètres de dénivelée sur de la piste pour rejoindre un col à 5000m. Pas facile, la circulation nous fait bouffer de la poussière et des gaz d’échappement (les inévitables convois de camions militaires en particulier), mais le décor compense nos efforts ! La piste passe à flanc de falaise puis débouche face à une arrête verticale impressionnante. La suite de la montée est longue et nous multiplions les petites pauses fruits secs pour encourager les troupes. Nous arrivons finalement au col Lachulung-La à 5059 mètres ! Il est 15 heures on souffle un moment, on mange une barre. Nous sommes très content d’être arrivés là sans souci d’altitude, très fiers de nos enfants aussi…Mais eux ne mesurent pas vraiment « l’exploit » d’être arrivés là, ils sont juste bien contents d’être au col et d’y avoir trouvé de beaux morceaux de quartz translucide… Après quelques photos nous descendons direction le groupe de dhabas de Wisky Nala où nous posons la tente. Encore un joli bivouac avec un petit ruisselet idéal pour l’installation des Playmobiles. Le soir nous allons manger au dhaba : il faut passer un bout de rivière un peu large, Lilou n’ose pas se lancer…Un gars qui la regardait hésiter depuis un moment est venu la chercher pour la passer de l’autre côté ! Elle s’est laissée faire, ravie… Nous mangeons chez ce sauveur du riz, dhal, omelette, chapatis, un repas traditionnel bien bon et bien mieux cuit que ce que nous faisons nous : la cuisine des lentilles sans cocotte à pression à ces altitudes, c’est souvent pour le moins croquant…

Le col suivant (Nakee-La 4964m) n’est pas trop dur : nous n’avons pas perdu trop d’altitude, nous repartons de 4700 et surtout nous retrouvons rapidement le goudron. L’après midi nous avons une loooongue descente vertigineuse avec les Gata Loops : 22 lacets qui nous conduisent au bas d’une large vallée. Après ça, la route remonte la rivière en la surplombant de quelques dizaines de mètres. Tiago a la forme et donne le rythme, aucun respect pour les vieux ce sale gosse ! Le profile compte quelques coups de cul notables, en haut desquels nous trouvons des bornes en béton où l’on peut lire « souriez s’il vous plait » à croire qu’ils l’on fait exprès pour les cyclos ! Nous nous arrêterons au premier endroit où nous sommes sûrs de pouvoir aller chercher de l’eau, le lendemain nous constaterons que si nous avions poussé un petit kilomètre de plus le bivouac aurait été nettement plus sympa.

Nous passons par Sarchu et quittons ici la région de Jammu & Kashmir pour rentrer en Himachal Pradesh. Après le passage du pont nous remontons un très mauvais bout de piste où une petit rivière dispute la place à la route, là faut s’arracher et passer d’un coup : un arrêt ce serait les pieds dans l’eau ! Au check-point du changement de région, il faut savoir se faire remarquer, ils ne sont pas pressés de remplir le cahier avec les informations de nos quatre passeports alors que les indiens se succèdent pour ne donner que leur nom et l’immatriculation de leur véhicule. Un plateau bien vert fendu par la rivière offrirait de jolis coin pour notre pic nique s’ils n’étaient tous occupés par les camps de tentes pour touristes… Ces camps se multiplient aux endroits stratégiques, quelques gens de passage s’y arrêtent mais ce sont surtout des agences de voyage qui affrètent les tentes pour leurs clients. Nous trouvons finalement une place pour notre pause, on se fait une semoule sucrée aux fruits secs, ça au moins, ça n’a pas besoin de cuire longtemps. En début d’après midi nous devons franchir notre premier gué pieds nus, ou en sandales pour épargner les baskets et les chaussettes chaudes. On perd un peu d’altitude avant de remonter et nous échangeons notre bon goudron contre une route en reconstruction. La montée se prolonge, nous voulons en faire un peu pour alléger la journée du lendemain qui nous portera en haut du Baralacha-La, les convois militaires et leurs gros diesels nous fatiguent presque autant que la monté sur cette route cahoteuse. Lassés à la vue des lacets suivant, d’où descendent d’autres colonnes de camions, nous nous posons sur une misérable place de la route en construction. Mais les enfants sont très contents : il y a là un névé qui les occupera toute la soirée !

Au matin nous reprenons l’ascension et croisons rapidement trois cylos : deux suédois et un coréen, on papote un moment (mais pourquoi ils parlent tous mieux l’anglais que nous?) ils nous parlent de futurs gués à traverser mais nous donnent également une bonne nouvelle : à partir du col on retrouvera le goudron !

Pour la fin de la montée nous passons entre les restes de coulées de neige où les fraises ont taillé le passage en formant d’ impressionnants murs de neige de deux mètres de part et d’autre de la route. Nous atteignons le sommet où il reste pas mal de neige, c’est magnifique ! On se pause un moment en grignotant une petite barre récompense. La descente est très belle, neige et roche se mêlent, et même quelques plaques de glace flottent sur un petit lac, et d’énormes glaciers descendent des plus hautes montagnes. Plusieurs séries de lacets nous font perdre rapidement de l’altitude. La route descend entre le ravin et la montagne, pour le bivouac du soir c’est pas gagné… On fait un goûter-dîner dans un dhaba derrière lequel nous espérions planter le tipi, mais après un examen plus détaillé, l’espace repéré s’avère être plus un WC qu’autre chose … Nous poussons donc plus bas et trouvons un coin pas trop mal. En fin d’après midi une famille française avec trois enfants s’arrête pour voir qui fait du vélo en famille ici, ils ont entendu parler de nous au col précédant ! Le soir la pluie se met à tomber faiblement et n’arrêta pas de la nuit.

Au matin on traîne pour laisser passer les dernières gouttes puis repartons, pas trop motivés sous un ciel bien bouché. C’est une longue descente avec quelques bosses mais surtout trois passages avec de l’eau. Le premier c’est un beau ruisseau qui emprunte la route sur une centaine de mètres : là plus de bitume, c’est de la grosse caillasse sous la flotte, heureusement que c’est en descente… On portera les enfants pour le passage le plus critique. Le suivant c’est un gros bazar : bouchons dans les deux sens, à la montée les petites voitures ont du mal sur les gros galets où passe le ruisseau. Nous nous faufilons et passons sans trop de mal. Le dernier est plus court mais il y plus d’eau : on doit dételer la charrette et la porter, le courant la tremperait voir l’emporterait. On fait de nombreux allers retours dans cette eau glaciale pour faire passer vélos et enfants…

Le passage de ces trois gués a été bien chronophage. Une fois passé le dernier check point nous nous arrêtons dans le premier coin de bivouac possible.

Heureusement, car au vu du lendemain, c’était également le dernier avant Keilong. A peine plus bas la rivière Bhaga brasse ses eaux sableuses. En perdant de l’altitude nous retrouvons plus de végétation et les enfants ont, en plus des cailloux, des bais de cade et du thym pour jouer…  La route, en corniche à flanc de montagne, offre une superbe vue sur la vallée et les glaciers perchés mais aucun espace disponible pour camper. Nous arrivons à Keilong en fin de matinée. On se pose là où on pourra enfin prendre une bonne douche chaude !!! Finalement nous avons mis beaucoup moins de temps que prévu (on avait fait des prévisions larges suite aux soucis qu’avait eu Tiago au Zanskar…), il nous reste donc plein de réserve de bouffe et …du temps ! Du coup changement de programme, on ne va plus Manali mais dans la vallée de la Spiti !

2 reflexions sur “De Leh à Keylong, sur la plus haute route du monde !

  1. Toinon

    Bonjour,
    Petites précisions pour le Khardung :

    Entre Leh et le sommet, 40 km env, il n y a qu’un endroit de ravitaillement au niveau du check point (épicerie, restaurant) à peu près à mi-chemin. Il y a là, et uniquement, de l’eau potable.

    Avec les travaux entrepris, la piste diminue au profit du bitume, année après année. Dans 5,10 ans, ce col devrait devenir très roulant, un charme en moins pour ceux qui ont connu les longues et difficiles derniers km non macadamés.

    Enfin, ce n est apparemment pas le pass le plus haut du monde, il n arriverait, selon de nombreuses sources, que dixième..

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