Eveil Nomade

Un petit bout de la fameuse « Pérou divide » !

La fameuse « Pérou divide », pour les incultes (comme nous avant d’arriver ici), c’est un super itinéraire cyclo qui passe sur des pistes au plus proche de la ligne de partage des eaux. De la grosse montagne, des paysages grandioses loin de tout, ça fait envie non ?

Préparatifs :

A Huanuco nous nous organisons pour faire une partie de cette fameuse piste. Cet itinéraire cyclo serait l’un des plus beaux du Pérou mais il est réputé très difficile et engagé…Et ce ne sont pas des familles qui s’engagent là dedans ! Nous avons donc choisi de n’en faire qu’un petit bout… Pour faire face à ce nouveau défi, nous planifions de faire de toutes petites étapes (mauvaises pistes et altitude nous attendent) et nous nous allégeons : nous faisons un tri de l’indispensable et envoyons en « encomiendos » un colis de 26 kg à Huancayo (via la compagnie de bus Turismo Central). Ce gains de poids fait, nous faisons des courses pour tout ce que nous ne trouverons pas dans les tiendas de montagne, plus du frais pour le départ… Du coup, au final toutes nos sacoches sont bien  bourrées !

Pour rejoindre le début de cet itinéraire, nous prenons un bus pour Cerro de Pasco : on regagne dans les 2000 mètres de dénivellée, vu la suite du programme pas la peine d’en rajouter ! Arrivés à Cerro après 3h30 de bus, on enchaîne. Ce n’est pas la grande forme pour Eric, on part doucement et trouvons à planter le camp dans une pâture sur l’altiplano. A plus de 4000 la nuit est fraîche, il gèle dans la tente. Au matin Lilou gratte un tas de remblais et tombe sur des pyrites de fer…Quel gamin n’a pas déjà rêvé de trouver ces fausses pépites d’or ?! Un coup dur pour l’inertie, tout le monde veut trouver son morceau de caillou… En route pour Huayllay nous passons à côté de la forêt de pierre, une zone calcaire étendue ,érodée, en formes originales, certaines rappelant des animaux.

Huayllay V.I.P. / comme des stars :

Nous arrivons à Huayllay à 4300 mètre et cherchons un hébergement, pas simple de trouver une adresse où nous puissions laisser nos vélos dans cette toute petite ville où la moitié des hébergements est fermée. Nous arrivons sur la place centrale et là tout s’emballe : un gars nous demande d’où nous venons, où nous allons… Un autre arrive avec un gros appareil photo pour illustrer la page « face de bouc » de la commune. Une dame arrive et me demande de venir m’enregistrer à la mairie (qui comptabilise les touristes…), puis c’est Gaëlle et les enfants qui sont requis… Nous nous retrouvons à devoir serrer les mains de tous les responsables de la commune et du district ! Ils ne doivent vraiment pas voir souvent de touristes étrangers ! Ils nous offrent à boire, échange de questions, ils nous vantent les merveilles de la forêt de pierre puis nous organisent une projection privée d’une présentation de la zone ! A la fin nouvelle séance photos avec les élus et remise de cadeaux (des cadres photos dédicacés par la mairie, mais où on va mette ça ?). Dans l’intervalle la femme qui nous a accueilli revient et nous offre un gros fromage et un sac de pain du village ! Et c’est pas fini, ils nous demandent où nous allons dormir, on leur répond qu’on va chercher un hospedaje où nous pourrions laisser nos vélos, ils se regardent, sortent les téléphones et le temps de faire un brin de ménage, nous offrent gracieusement une chambre dans l’auberge municipale (officiellement fermée) ! Bon la chambre est bien décrépie et glaciale, mais il y a une douche chaude !
Tout le monde met énormément de bonne volonté pour développer le tourisme de la zone, des démarches sont en court auprès de l’Unesco pour faire rentrer le site au patrimoine de l’humanité. Malheureusement les gens ne font que passer, en grande partie à cause de l’altitude… Le seul moment où la ville connaît sont apogée, c’est pour les trois jours de fête folklorique de septembre !
Nous restons une journée pour faire une balade sur la montagne de l’inca qui domine la ville (et reposer les ventres brassés des garçons!).

De huayllay à la divide :

Nous quittons Huayllay sous un ciel couvert, cette fois c’est parti, nous avons prévu dix jours pour cette première partie, sans ravitos sur les 100 premiers kilomètres. Nous sommes chargés en vivre en conséquence et la piste n’est pas terrible. Nous prenons la version longue qui passe par la route des mines d’argent exploitées par des compagnies étrangères en « collaboration » avec les Péruviens. Dire que les retombées directe pour les locaux ne doivent pas être énormes relève de l’ euphémisme ; à plusieurs reprises lors de discutions avec des péruviens, le mot corruption est sorti assez rapidement, le terme de mafia aussi et pas seulement pour les mines mais les méthodes d’exploitation des forêts pour les bois utilisés dans les mines, fait aussi grincer des dents… Les lagunes payent un lourd tribu de cette exploitation, les couleurs et les dépôts laissent peu de doutes quand à la qualité de l’eau en aval ! Nous devons chercher en amont des sources d’eau pour nous ravitailler…

Nous passons 12 Km vraiment pas terribles : piste, gravillons avec des portions de pentes à plus de 20 % où nous devons dételer et pousser la remorque et les vélos. Après c’est de nouveaux du beau, quelques rares pointes blanches mais si il y a tant de mines au Pérou, c’est que les ressources sont variées et répendues, les montagnes offrent une diversité de couleurs et de formes qui nous enchante. Avec des vallées qui contrastent avec tout ce minéral. Nous trouvons un bivouac en bord de piste à 4660 mètre, le ciel s’est couvert et nous gratifie d’un peu de grésil. Au matin les montagnes alentour sont poudrées de blanc mais la piste est propre et nous repartons sous un ciel bleu.

Peru divide jusqu’a Chicla :


Une bonne piste et quelques virages, nous arrivons à un premier col à 4760m. La vue est superbe ! Ensuite c’est de la descente jusqu’à la bifurque pour rejoindre l’itinéraire de la Peru divide. On recommence à grimper au milieux des moutons, lamas et alpagas (qui font un bruit pas possible quand on passe, contraste saisissant quand le silence nous entoure en permanence !), la piste est bonne et nous passons le col suivant à 4765 avant de chercher un bivouac à peine plus bas.

Au matin nous redescendons sur la lagune Yanahuin (Chungar) où malgré l’altitude des piscicultures sont exploitées. A l’aval du lac, la route bute sur un portail certainement destiné au bétail… De toute facon il est inenvisageable de revenir en arrière ! Nous l’ouvrons, passons sous le barrage et remontons sur l’autre rive. Un bon km de mauvaise piste et nous retrouvons une piste plus roulante. Les lacets s’enchaînent jusqu’au col Punta fierro Cruz (4830m) d’où nous avons une vue magnifique sur les deux versants avec une incroyable palette de couleurs.

Là, nous croisons un couple de cyclos australiens très impressionnés par nos enfants, qui à peine arrivés au col sont partis courir et escalader un peu partout… ! Nous redescendons en quête d’un bivouac ; Le temps a viré au grésil, avec un vent glacial qui nous arrive en pleine face…Sans eau, nous sommes forcés de poursuivre un peu jusqu’à trouver une lagune. Le camp est monté en famille en quelques minutes seulement ! Nous retrouvons le soleil au petit matin :

Par ici, la piste suit souvent des portions d’un énorme réseau de canaux, les panneaux nous apprennent que ces aqueducs sont destinés à l’approvisionnement en eau de Lima à plus de 300 km !


La piste croise plusieurs petit ruisseaux. Tiago loupe une traversée et mouille une basket, avec le froid qu’il fait le coup est dur. Nous arrangeons l’affaire avec une chaussette étanche et optons tous pour des traversées plus sécuritaires en poussant les vélos…

Nous croisons notre premier village à Yantac. Mais il n’y a pas grand-chose et on enchaîne jusqu’à Marcapomococha pour se ravitailler. La lagune héberge déjà quelques flamants roses c’est le début de la saison. Nous bivouaquons pas loin du village.

Au matin nous repartons pour le dernier col de cette première partie. Nous commençons cependant par une belle descente et pas mal de distance avant d’attaquer la grimpette ! Bien sûr, à partir de là les coins bivouacables se font rares… Finalement nous trouvons un spot à 4670 mètres sous un ciel bien couvert mais il ne pleuvra pas pour autant.
Au matin nous montons les 230 mètres restant pour le col d’Antacassa (4880 m). Encore plein de belles couleurs… Après ça, nous n’avons plus que de la descente jusqu’à Chicla. Nous passons à côté des mines de Casapalca où les montagnes colorées fournissent du cuivre, de l’argent, du plomb et du zinc. Nous rejoignons la route asphaltée: c’est la carretera centrale qui rejoint directement Lima… On retrouve une grosse circulation de camions qui nous frôlent, il n’y a quasiment pas de bas cotés. Concentration maximale requise, on ne profite pas de cette grande descente. Seul plaisir : on retrouve les bonnes odeurs d’euclyptus en perdant de l’altitude.

Chicla :

A Chicla nous faisons une pose de deux nuits histoire de faire un brin de toilette, de reposer les petites gambettes et de se ravitailler avant la seconde partie. Nous ne savions pas si nous aurions le courage de la faire, mais cette première partie nous a semblé facile, la piste était bonne et nous savons que la suite, même si elle est plus exigeante, doit être très belle ! A Chicla même, ben il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose : il faut prendre un collectivo pour descendre jusqu’à San Matéo pour refaire les niveaux.

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