Eveil Nomade

Argentine :

Argentine, du Paso Sico à San Antonio de Los Cobres : du vent, des bourrasques et des rafales !!!

Une nuit bien agréable chez les douaniers argentins, à l’abri du vent, et même une douche plus ou moins chaude ! Au dehors des renards rodent autour des bâtiments, les douaniers nous apprennent qu’il y a même des pumas…

Le début de la piste roule bien, quelques passages sableux mais rien de méchant (le brésilien ne devait pas avoir l’habitude de la piste, il nous a inquiété pour rien..). Un peu avant Olacapato nous passons à côté d’énormes installations photovoltaïques qui génèrent énormément de trafic. Avec le vent c’est vraiment pas terrible : nous mangeons de la poussière à longueur de journée. Pour fuir la silicose qui nous guette, nous devons choisir notre côté de la piste à l’approche de chaque camion, en fonction du sens du vent mais au détriment de la partie la mieux roulante.A Olacapato nous espérions faire des courses mais il n’y a rien, nous mangeons dans un bouiboui pour économiser nos réserves…

Les paysages, au début sans grand intérêt prennent enfin un peu de grandeur à l’approche du col Alto Chorrillo . C’est presque plus facile de monter le col que la partie plus « plate » : grâce au relief, les gravillons et les parties sableuses disparaissent quasi totalement, on peut pas dire qu’il y ai eu beaucoup de sable ou de tôle ondulée mais il y en avait tout de même bien assez pour qu’il faille forcer un peu plus et se faire taler le derrière !

A l’arrivée au col (4550 m) un grand vent s’est levé : il nous pousse, avec la descente on va pas forcer… Enfin c’est ce que nous imaginions, mais le vent est si fort que nous déchantons. La descente étant en lacets, nous l’avons dans le mauvais sens une fois sur deux, et il faut alors pédaler malgré la pente. Les rafales sont terriblement violentes : à chaque pause nous nous faisons littéralement sabler le visage et dans les épingles les vélos manquent de se faire pousser dans le ravin. Dans une épingle particulièrement exposée Tiago perd le contrôle et se casse méchamment la gueule, il abandonne son vélo, suivi par Lilou, ils se mettent en boule, cherchant à se protéger du vent et des gravillons qui volent… Le vent est si fort que je suis jeté par terre en récupérant le vélo de Tiago. C’est trop dur, les enfants veulent arrêter…Mais c’est impossible ici avec le ravin d’un côté et la montagne de l’autre. Il faut repartir malgré les larmes, c’est sûr qu’on aimerait pouvoir appuyer sur un bouton magique« pause », protéger nos enfants de ces coups durs… Nous descendons à pied sous le virage suivant plus abrité, en rejoignant son vélo Lilou se fait littéralement emporter et se retrouve assise par terre… En descendant le vent se fait moins fort, nous roulons encore un peu et nous arrêtons une dizaine de km avant San Antonio.

Au matin nous finissons jusqu’à la ville. Nous faisons le tour des hôtel à la recherche d’un logement abordable (pas de camping ici)… Rien de bon marché mais nous prenons quand même une nuit pour faire quelques courses (nous avons raclé les fond de tiroirs pour arriver ici!). Les patrons de l’hospedaje « Esparenza » sont très gentils et nous laissent accès à la cuisine bien qu’ils fassent également restaurant. Puis c’est la routine des nouveaux pays : change, course… le seul DAB de la ville est aussi gourmand qu’au chili mais pas le choix on laisse plus de 10 % de frais dans la bataille. En discutant avec le patron on apprend qu’il peut lui ,nous faire du change (nous transportons des dollars depuis le Perou dans ce but).

De San Antonio de los Cobres à Cafayate :

Dimanche matin après un dernier arrêt à la station service, où cette fois notre bouteille plastique ne pose pas de problème, nous repartons pour notre dernier col en haute altitude à plus 4900 mètres. Les 13 premier Km sont goudronnés et se passent facilement. Ensuite nous prenons la route national 40, en fait une piste pas trop mauvaise : nous changeons fréquemment de côté pour éviter sable et tôle ondulée. En fin de journée nous avons tout juste commencé à grimper, les premiers lacets sont devant nous. Nous avions pris de l’eau pour trois jours, mais en fait un ruisselet coule en fond vallée bien que nous soyons à l’étiage, enfin avec tout les lamas qui broutent autour nous ne rechargeons pas.

Le deuxième jour nous finissons la montée avec quelque rampes à plus de 7 % et le vent qui se lève l’après midi, favorable ou contraire au gré du sens des épingles… Entre les rochers nous voyons plein de Viscachas, nous sommes une majorité à penser que ces lapins à longue queue tiendraient honorablement compagnie à la polenta / tomate au menu de ce soir… Nous franchissons le col Abra Acay relevé à 4971 au GPS, en ce début d’après midi il est balayé par un vent très fort. Nous redescendons en dessous des 4500 pour planter le tipi, au bord de la route nous pouvons observer une grande horde de Guanacos, une quatrième espèce de camélidés andins ! Elles semblent moins sauvages que leurs cousines vigognes. On distingue le guanaco à sa robe plus sombre et sa tête noire.

Au matin c’est encore pas mal de descente qui nous attend, la seule difficulté c’est la traversée de plusieurs gués qui gagnent en débit à mesure que nous descendons… Cela se finit par plusieurs pieds mouillés mais si « bas » (nous approchons des 3000) il fait désormais suffisamment chaud pour que cela ne pose pas de problème. D’ailleurs, avec la descente nous retrouvons du vert, et même quelques arbres encore un peu rabougris, mais quel plaisir de les voir après 5 mois dans la puna ! Nous faisons un détour par La Poma où un petit camping municipal nous accueille au standard Argentin : table et emplacement BBQ pour chaque place ! Dommage que les commerces de ce tout petit village n’ait de la viande que les fins de semaine…Ce n’est que partie remise on commence juste l’Argentine ! La soirée se passe avec les criaillements de nombreux perroquets verts qui s’alignent sur les quelques arbres encore en bourgeons. Une douche, pas mal de lessive en retard quelque courses.

De la Poma à Cafayate :

Après deux nuits nous repartons nous sommes à un peu plus de 200Km de Cafayate. Le paysage est très aride , rocheux à dominante rouge, tout ce qui pousse : arbres, arbrisseaux, buissons, et bien sûr cactus, semble développer des épines ! Nous suivons quand même un ruisseau de loin en loin, ça aussi ça faisait longtemps que nous n’en avions pas vu ! Et la chaleur est bien présente désormais : plus besoin de bonnet la nuit et les ptit déj au chaud entraînent une certaine inertie le matin…Eric qui n’en pouvait plus d’avoir froid, reprend le moral !Nous finissons par laisser le relief derrière nous et pédalons sur un plateau peu intéressant, le peu d’arbres rabougris n’a pas encore poussé suffisamment pour offrir une ombre confortable lors des poses de midi ou en fin de journée.

Bien que le ripio ne soit pas trop mauvais, nous apprécions la surprise de quelques kilomètres de goudron entre Payogasta et Cachi ! Jusqu’à Cafayate il y a des villages  partout pour l’eau mais pour les courses il nous faut organiser nos étapes pour arriver dans les villages avant 13h : ensuite c’est l’heure de la pause ou plutôt les heures de pause, les magasins ne rouvrent qu’à 18h ! Après un ravito rapide à Cachi et le plein d’eau nous repartons sur du ripio.. La piste longe des collines qui forment de nombreux baisse et monte et usent les troupes… Une nouvelle petite complication lors de la recherche d’un bivouac : nous devons trouver une place hors épines et cactus, pas évident ici mais indispensable pour la pérennité de nos matelas.

Nous laissons la 40 sur quelques kilomètres pour passer chercher de l’eau au village de Seclantas. La piste est aussi bonne que la 40, mais bien vallonnée et toujours aussi aride. Les paysages et la chaleur dès le matin nous rappellent la basse Californie ! Nous n’apprécions pas tous à sa juste valeur les 40° de l’après midi… En continuant à descendre cela ne devrait pas s’arranger… En perdant de l’altitude nous retrouvons les odeurs des plantes qui nous font tourner la tête à la recherche de leur origine. Une rare touche de couleur est apportée par une sorte de mimosa, la fleur est plus sombre mais le parfum n’a rien de la délicatesse de son cousin que nous connaissons, il est fort et entêtant, le nombre et la taille des épines qui lui habillent les tiges dissuaderaient quiconque d’en faire des bouquets…

Après Seclantas nous retrouvons la 40 pour une bosse de 300 mètres, si la montée est bonne, la descente est quasi intégralement en tôle ondulée sur toute la largeur, pas moyen de finasser on se fait secouer nous et le matos. Sur les pentes de grand cactus candélabres ont poussé et commencent même à développer quelques fleurs.

Le soleil tape fort, notre consommation en eau a considérablement augmenté, malgré sa température qui s’approche plus de celle du thé que de la citronnade… Nous avons opté pour pédaler léger et transporter peu d’eau, du coup nous devons recharger souvent. En fin de journée nous allons à Molinos refaire le niveau, on trouve toujours un robinet, mais à 16h tout est fermé la glace ce sera pour une autre fois.

Nous trouvons un bivouac sympa bordé d’arbres où se regroupent des dizaines de perroquets verts. En contrebas s’écoule un ruisseau à l’odeur douteuse, les enfants y vont se rafraîchir les pieds et travailler leurs anticorps…

Après Molino la piste ne s’arrange pas du tout : en grande majorité c’est de la tôle ondulée recouverte de sable, nous avançons toujours dans l’effort. Heureusement les paysages valent la peine. Le relief bien que descendant, entre le départ du matin et l’arrivée le soir, compte beaucoup de baisse et monte, qui cumulés dépassent les 400 mètres positifs en fin de journée. Le sable mine le moral de celui qui tire la « charrue » et la chaleur, 45° l’après midi, attaque sérieusement les autres… Cette piste cassante aura raison du second essieux de la charrette heureusement nous avons un second axe incassable. En descendant des montagnes, nous retrouvons avec la chaleur nos ennemis les moucherons piqueurs qui ne font pas de cadeaux. Nous rencontrons un cyclo argentin qui fera un bout de route avec nous, on se booste pour ne pas rester à la traîne mais finalement, moins entraîné, il va au même rythme que nous !

A une dizaine de kilomètres de San Carlos la piste s’arrange un peu, pas que ce soit un billard mais disons que la tôle ondulée s’atténue un peu et le sable se fait moins épais, il y a même des portions de bon « ripio ». L’état des piste n’est pas immuable, de temps à autre les « ponts et chaussée » locaux passent un coup de régleuse et coup de cylindre remettant la piste à « plat » pour quelque temps, disons que là ce serait temps qu’ils y pensent !

A 5 kilomètre de San Carlos nous rejoignons l’asphalte avec de grands cris de joie! Cela nous semble trop facile, nous nous sentons pousser des ailes, en moins de deux nous rejoignons San Carlos où nous nous offrons des bonnes empanadas pour fêter la fin de la piste et surtout parce qu’on a plus rien à bouffer… Le village est très sympathique et agréable, nous aurions pu rester ici mais notre objectif est Cafayate nous ne le changeons pas. Avec le goudron et peu de montée nous arrivons rapidement  ; La région est connue pour être viticole, bien avant d’arriver à la ville nous avons l’impression d’être dans la vallée du Rhône : des vignes et des vignes partout ; taillées bas, en espalier ou haut ! La présence de nombreux cactus nous replace tout de même bien en Amérique du sud, ici c’est le printemps, de nombreux fruitiers sont en fleur, même les cactus, dont certaines pousses sont des fleurs blanches de la taille d’une Amaryllis.

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