Eveil Nomade

Passage express au Chili

En route pour le Chili :

Lever aux aurores, pas de souci avec les vélos, nous avions demandé les billets pour eux aussi. Nous ne voyons pas grand chose jusqu’au lever du jour, mais pour le début c’est principalement du désert que nous ne regrettons pas de zapper ! Peu avant la frontière de belles formes rocheuses remplacent le fade paysage précédent. Le passage de la frontière est fidèle à ce qu’on nous avait annoncé : tout se passe rapidement jusqu’à la douane chilienne… Là, le bus est totalement vidé, les bagages alignés et passés au chien antidrogue. Ensuite nous passons à l’examen des bagages où tout est ouvert et fouillé… Nous avions anticipé, mais on y laisse un pot de miel entamé et du maïs à popcorn… Une dernière formalité, nous remplissons un papier avec les couleurs et les numéros de série des nos vélos. Nous repartons enfin après 1h30 de paperasses et d’attente. Les enfants en ont profité pour lier connaissance avec d’autres enfants voyageurs français (Lilou s’éclate avec Mila et Jules pendant les 5 heures de bus restantes!). Les paysages restent jolis avec lagunes et roches colorées, on ne peut pas tout faire à vélo, dommage.

San Pedro d’Atacama et la visite de la vallée de la lune :

Arrivés à San Pedro d’Atacama nous remontons les vélos sur un terrain détrempé (le désert d’Atacama serait le désert le plus sec du monde… ?), nous sommes descendus à 2400m mais il fait encore froid avec ce temps gris. Pas de short pour tout de suite… Nous trouvons un petit camping qui s’avère plus cher qu’au Canada ou aux Usa…Ouille !

Nous faisons quelques courses pour repartir, on a clairement changé de pays : les prix ici font très mal après la Bolivie… San Pedro n’est certainement pas une référence (très très touristique!), du moins on l’espère : ici les ATM ont une touche spécial « Étranger » imputant automatiquement 11 % de frais…Bref, tout ça ne nous donne pas vraiment le goût de traîner, même si il y a beaucoup de sites (payants) à visiter dans le coin…

Nous passons quand même une journée pour visiter à vélo (sans bagages), la vallée de la lune, un ancien salar soulevé et érodé. Nous nous baladons au milieu de paysages accidentés sculptés par le vent et de grosses dunes de sable, très chouette.

En route pour le Paso Sico, frontière avec l’Argentine : malgré la neige !

A notre arrivée nous avons appris que les deux cols pour l’Argentine : le Jama et le Sico étaient fermés pour cause de neige ! Deux jours plus tard, le Jama ouvre et comme le Sico est moins haut nous partons. Un arrêt à la station service où le pompiste remplit ma bouteille de réchaud que je vide ensuite dans la bouteille de soda à 4 reprises : il n’a pas le droit de vendre de l’essence en bouteille plastique… !

Les routes goudronnées, ça a du bon, surtout avec un vent favorable léger. Il forcit l’après midi et nous pousse à fond, même dans les montées ! Nous faisons une pause ravito au village de Tocanao (on a oublié le pain) : nous cherchons un magasin et devons nous expliquer… jusqu’à comprendre qu’ici les « tienda » se disent « Almacen ». Le soir, la recherche d’un coin à l’abri du vent n’est pas évidente du tout dans ce désert, et les bourrasques très violentes sont saôulantes. On se pose finalement derrière un arbre épineux et à la nuit le vent tombe.

Deuxième jour : première crevaison, les buissons qui bordent la routes sont garnis d’épines acérées de 2 cm qui se moquent des bandes anti crevaison de nos pneus. Pour la pose de midi nous nous arrêtons Lat 23°26’16’’ qui marque le tropique du capricorne ! Nous entamons une looongue montée et nous arrêtons quelques km avant Socaire afin de passer la ville le matin et d’attaquer les 120 km qui nous séparent du Paso Sico les réserves pleines.

A Socaire la tenancière du petit magasin nous demande où nous allons…parce ce que le col est fermé, il y a encore trop de neige…Ah. Bon; ça c’est vraiment une sale nouvelle, l’idée de retourner à San Pedro d’Atacama est franchement déprimante. En même temps on a du mal a y croire : les montagnes sont bien poudrées de blanc mais d’ici, ça n’a pas l’air épais…Nous interrogeons des voitures mais personne ne semble très sûr, à priori c’est fermé. Nous décidons de camper à la sortie de Socaire et de voir si nous pouvons avoir des infos fiables d’un changement de situation : étant donné qu’il y a trois jours de vélo sans eau ni ravito, s’engager dedans pour « voir si ça passe » rend les choses particulièrement compliquées (6 jours de réserves en eau!!?).Nous nous posons dans une décharge ou nous trouvons du bois qui nous permet d’économiser notre essence. Un autre souci se pose : nous n’avons presque plus d’argent chilien et ici aucun retrait n’est possible… Nous entamons les réserves destinées à la suite, nous ne pourrons pas traîner ici longtemps…

Le lendemain, la gérante de l’almacen nous dit que la route est ouverte mais qu’il y a de la neige de partout et que nous ne pourrons pas camper. Tant pis, nous sommes motivés pour continuer. J’achète tout ce que je peux avec les pesos qu’il nous reste, on se charge en eau pour 3 jours et en bois (pour économiser l’essence et faire éventuellement fondre de la neige). Nous prenons la route en début d’après midi avec l’idée de passer le plus gros de la montée, nous réussissons à rejoindre un replat après 600m de dénivelée ardus. Les paysages sont très beaux, la neige donne une dimension magnifique à l’ensemble. Nous trouvons une place déneigée au bord de la route pour camper.

Le matin les gardes des lagunes s’arrêtent et nous proposent de prendre des bagages pour nous les porter plus loin, on décline, tout peut nous être indispensable… Nous montons encore pas mal, les congères faites par les chasses neiges s’épaississent. Le vent forcit également même pour manger on doit se mettre à l’abri des talus. On force encore et passons un premier col à 4118 mètres. En fin d’après midi nous arrivons enfin en vue de la lagune : nous envisagions d’aller y camper, mais là rien ne va plus, gros vent et l’accès à la lagune est interdit « zone protégée »…Les enfants qui ont bien suivi jusque là, en on ras le bol, difficile de les convaincre d’avancer encore 1km pour voir si ces rochers là bas ne feraient pas un abri convenable… Mais les rochers abritent en fait le bungalow des gardes du parc…qui nous invitent à y rester ! Une pièce moquettée à l’abri du vent et l’accès à la cuisine, le bonheur ! Ils nous offrent café et sandwichs on ne sait même plus comment dire merci !

Après une nuit au calme nous sommes prêts pour repartir, à leurs arrivée les gardes qui viennent de Socaire nous offrent encore du pain, des paquets de biscuits et des yaourts !!! On reprend la route remontés à bloc. Nous passons au milieux de superbes paysages : volcans aux pentes colorées, roches érodées par les vents et lagunes laiteuses avec quelques flamants roses qui y mangent. Les première rampes se passent bien mais rapidement le vent se fait plus fort et lorsque la route change d’azimut nous le sentons immédiatement. L’après midi le vent et vraiment fort et de face dans une longue rampe. C’est très dur pour le moral, on serre les dents et motivons les enfants qui sont régulièrement bousculés dans le fossé par des bourrasques plus fortes…Les deux derniers kilomètres pour passer le col à 4560 mètres( point haut de cet itinéraire) se font dans la souffrance, nous nous relayons pour pousser le vélo de Tiago et passons beaucoup de temps à convaincre Lilou de remonter sur son vélo pour qu’on la tracte…Après c’est une grosse descente. Ici, la neige a presque disparu ! On ne trouve pas d’endroit bien abrité, nous nous arrêtons vers un poste de carabinieros sans âme. La nuit un vent terrible souffle sans discontinuer, faisant fouetter la toile de la tente.

Dernière étape : nous partons avec le même vent, qui nous pousse et nous saoule. Lilou est en super forme et grimpe seule le Paso Sico à 4400m, puis nous entamons une grande descente jusqu’à la frontière. Au changement de pays la rupture est nette : plus de goudron ! La piste qui suit n’est pas trop mauvaise. Nous croisons un cyclo brésilien qui nous annonce que la suite c’est pas d’eau et beaucoup de sable, oh misère ! Nous arrivons à midi au poste de douane, là on nous propose tout de suite un dortoir avec cuisine et douche chaude. Il est encore tôt pour s’arrêter mais un simple regard entre nous suffit : ok on s’arrête ! Dehors le vent souffle encore à mort et une pause à l’abri ne se refuse pas !! Bienvenu en Argentine !

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